Neuroéducation - Le cerveau dans l’enseignement et l’apprentissage

Neuroéducation : Le cerveau dans l’enseignement et l’apprentissage

Les perspectives de l’enseignement sont très complexes. Tous les élèves n’apprennent pas de la même manière, nécessitent des temps d’apprentissage différents et certains ont plus de difficultés à se concentrer que d’autres.

Alors pour attirer leur attention, il est nécessaire de comprendre comment le cerveau humain fonctionne pendant l’apprentissage.

Les méthodes archaïques telles qu’apprendre par cœur ne semblent plus être la meilleure façon d’étudier. C’est d’ailleurs prouvé par les neurosciences, nous savons maintenant que la motivation et les défis peuvent activer certaines zones du cerveau et aider aux processus d’apprentissage. 

Nous avons également compris que nous apprenons plus et mieux en interaction avec d’autres personnes et que les expériences augmentent nos connaissances et nos compétences.

C’est là qu’apparaît la notion de neuroéducation, étymologiquement « l’éducation du cerveau ». C’est une passerelle entre la neurologie (science du cerveau) et la psychologie de l’éducation, dans le but de créer de meilleures manières d’enseigner et de casser ses anciens neuro-mythes (par exemple, « nous n’utilisons que 10% de notre cerveau » ou « le cerveau gauche fonctionne mieux chez les personnes logiques » …).

Le neurologue et psychiatre Dr Pierre Huc parle pour la première fois de la neurodidactique, qui cherche à déterminer les activités d’enseignement et d’apprentissage qui permettent une exploitation optimale de toutes les facultés mentales.

Avez peut-être déjà entendu parler de plasticité cérébrale ou de neurones miroirs? Voici les clés de la neurodidactique :

La plasticité cérébrale

Rappelons que les neurones ne se multiplient pas : nous naissons avec un certain nombre de neurones et ce nombre diminue au cours de notre vie. On a longtemps pensé que les neurones ne se multipliaient pas et diminuaient au cours de notre vie. Ceci est un autre neuromythe. En revanche, les études ont montré que le cerveau a la capacité de générer des nouvelles connexions neuronales. Ces connexions peuvent se créer au fur et à mesure de l’apprentissage. Fascinant !

Les neurones miroirs

Ce groupe de cellules nerveuses est activé lorsque l’on observe une autre personne faire quelque chose. Il nous permet non seulement d’imiter leur comportement mais de comprendre également ce comportement.

Les émotions

Le cerveau doit être excité émotionnellement pour pouvoir apprendre. L’apprentissage est donc lié aux émotions et plus l’émotion est forte plus la mémoire fonctionne. On se rappelle tous en détail d’une expérience traumatisante ou un événement très heureux. Utilisons nos émotions (de préférence positives) pour apprendre. De plus, la curiosité et la créativité nourrissent également les émotions et permettent un apprentissage de qualité.

L’apprentissage multisensoriel

Le cerveau est capable de mieux apprendre s’il est stimulé par nos 5 sens. On dit souvent que quelqu’un a un canal de mémorisation (on parle de modèle VAKOG), une mémoire plus visuelle, ou plus auditive : encore un neuromythe ! Nous n’avons pas qu’un canal, même s’il peut arriver que l’un d’eux prédomine. La clé est d’utiliser au maximum ces 5 sens.

Alors concrètement, comment appliquer la neuroéducation à nos élèves ?

Le laisser faire des erreurs

Dans son ouvrage L’erreur, un outil pour enseigner, Jean Pierre Astolfi explique que l’erreur scolaire est souvent une source d’angoisse et de stress pour les élèves, alors que lors des activités de jeux ou de sport, ils considèrent l’erreur comme source de défis. 

En fait, l’erreur a été longtemps considérée comme une faute appelant une sanction. Bien souvent, les élèves associent leurs erreurs avec les notes scolaires décevantes, qu’ils considèrent justement comme une sanction. Ce sentiment est parfois accentué par les parents, qui, trop souvent, rouspètent dès que la note n’est pas « assez élevée ».

D’où l’importance de ne pas gronder l’élève pour la note reçue, mais surtout le pousser à réfléchir : où est-ce que je me suis trompé afin de ne plus refaire la même erreur ?

Le pousser à la réflexion de ce qu’il a compris ou non

Au lieu de demander s’il a compris (réponse binaire oui/non), plutôt lui demander ce qu’il a compris, pour que l’élève puisse réfléchir et raconter ce qu’il a assimilé. Cette méthode va permettre à l’enseignant de relever les points acquis et non acquis.

Un bon exercice également est de lui apprendre à s’auto-évaluer pour qu’il se rende compte directement s’il s’est trompé.

Attirer l’attention en variant les activités

Il n’est pas facile, même pour un adulte qui a l’habitude, de rester concentrer des heures sur quelque chose. La concentration diminue avec le temps, surtout si l’élève n’est pas habitué à travailler pendant plusieurs heures. 

Les recherches indiquent que de façon générale, « les apprenants ont tendance à rester plus attentifs pendant les segments de cours s’ils peuvent se détendre ». 

L’enseignant va utiliser la clé émotions, en utilisant des anecdotes (rires) ou des jeux (esprit de défi), afin de re-capter l’attention de l’élève.

L’habituer à l’entraînement

Entraîner son cerveau à travailler pour augmenter ses capacités cognitives, et travailler sa mémoire.  

Voici la courbe d’Ebbinghaus qui montre le pourcentage des informations mémorisées au fil du temps.

Cette courbe montre que la régularité de l’apprentissage (donc de révisions et d’entraînements), va permettre à l’information de rester ancrée dans la mémoire.

C’est la clé neurodidactique de la plasticité cérébrale.  C’est comme un entraînement sportif comme, par exemple, le vélo. Au début, lorsque vous n’avez jamais ou très peu fait de vélo, vous essayez de pédaler mais vous zigzaguez et vous faites un gros effort pour rester droit. Puis au fur et à mesure une automaticité se crée et vous pédalez sans réfléchir -> vous libérez des neurones pour apprendre autre chose !

Passer le cerveau en mode actif

C’est la même chose quand on se dit qu’on doit aller courir ou faire une tâche peu motivante. La mise en place est difficile, mais une fois commencée c’est beaucoup plus facile.

Pour l’apprentissage, c’est pareil : on demande à l’élève de commencer l’exercice ou les révisions (ou plutôt l’entraînement), juste 10 minutes, puis finalement cela devient le quart d’heure, la demi-heure.

Nous constatons bien souvent lors de nos cours particuliers avec nos élèves, leur étonnement : « oh, ça fait déjà 1h qu’on travaille ? ». Ils n’ont pas vu le temps passer ! 

Pour conclure, nous pouvons affirmer que la neuroéducation apporte des éléments qui peuvent améliorer considérablement les possibilités pédagogiques, en combinant les neurosciences, la psychologie et l’éducation. En se basant sur les apprentissages tels que la lecture, l’écriture, l’apprentissage d’une ou plusieurs langues, les mathématiques, la musique…, cette discipline va également aider à comprendre les différents troubles DYS : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie… 

Et vous ? Une mauvaise note, ça vous fait râler ? 

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